« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes Â» (Voltaire)

Belle-Ă®le en mer disait la chanson … Ce que ne disait pas la chanson, c’est la pollution ! On connaĂ®t l’air, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes… Et comme le disait BĂ©caud dans une chanson « et le temps, et le temps, et le temps,… Â» Pour sortir de la ritournelle, nous avons d’un cotĂ© un pĂ©trolier pollueur, une Ă®le polluĂ©e, une nature profondĂ©ment et durablement meurtrie, une population et des bĂ©nĂ©voles atterrĂ©s, et de l’autre des grandes sociĂ©tĂ©s (qui savent que le temps leur accordera l’impunitĂ©), des maires et des conseillers gĂ©nĂ©raux qui minimisent la gravitĂ© de la situation dans l’espoir de sauver le court terme (la saison), et des lĂ©gislateurs qui en profitent pour ne pas assumer leurs responsabilitĂ©s, pour ne pas trancher devant des enjeux commerciaux et des alliĂ©s Ă©lectoraux potentiels. Une fois de plus on nous joue la symphonie de la banalisation : on prend en considĂ©ration le regard et l’inquiĂ©tude de l’observateur pour mieux l’étouffer. Comment ĂŞtre plus apaisant qu’en reconnaissant l’individu, en entendant sa souffrance et ce faisant, lui Ă´ter de manière dĂ©magogique toutes possibilitĂ©s de revendication ? C’est ce qu’ont fait les pouvoirs publics. Comment mieux calmer les ressentiments envers soi qu’en jouant des effets (spectaculaires) d’annonce pour faire un mea culpa ? C’est ce qu’a fait TOTAL. Comment mieux calmer le vent de la rĂ©volte qu’en professant les difficultĂ©s consĂ©cutives Ă  une mauvaise saison ? C’est ce qu’ont fait les Ă©lus locaux. Alors pourquoi voudriez vous que moi, homme lambda, je foute un grand coup de pied dans la fourmilière ? Et bien parce que je suis adhĂ©rent du S.E.L., qu’à ce titre je veux avoir une rĂ©flexion sur notre système social et le partager avec mon voisin parce que la dĂ©mocratie c’est ça ! Parce que, il y a dix ans, on nous l’a dĂ©jĂ  fait avec Tchernobil, et que c’est aujourd’hui, oĂą le mal est fait que l’on nous en parle (10 % de cancer de la thyroĂŻde en plus), parce que la couche d’ozone s’amenuise et qu’il est devenu banal de discuter de l’importance du trou qui la ronge, parce que la pollution atmosphĂ©rique augmente dangereusement, mais que le baromètre hebdomadaire mis en place a banalisĂ©e, parce que la rarĂ©faction de l’eau s’intensifie et que le traitement de l’eau se privatise, parce que les vaches deviennent folles mais qu’un label V.F. fait la diffĂ©rence, parce que le « Terminator Â» est lâchĂ© et que bientĂ´t un trust multinational dĂ©tiendra Ă  lui seul le pouvoir de nourrir ou de faire mourir la population Ă  son service alors que des ethnies et des cultures disparaissent de la famine, parce que la misère naissante qui servait Ă  Coluche pour ses sketches est devenue une gangrène et que les restos du cĹ“ur qui Ă©taient une initiative ponctuelle et exceptionnelle est devenue une institution qui a de beaux jours devant elle, parce que pendant que l’on se regarde prĂ©tentieusement le nombril, le monde que nous allons laisser Ă  nos enfants se dĂ©lite tranquillement, que les règles disparaissent dans la rhĂ©torique et dans le temps pendant que les difficultĂ©s sociales, les exclus et la dĂ©linquance augmentent. Je vous rassure, Nougaro chantait « je ne suis pas noir », et moi je le suis moins que le pĂ©trole de l’Erika, car j’ai confiance dans l’homme qui va prendre conscience de l’effritement du patrimoine mondial, qui va redevenir citoyen et utiliser la dĂ©mocratie pour rĂ©tablir l’ordre des choses, une sociĂ©tĂ© au service de l’homme ! J.-R. DUMERLIAT n°45